Lettre des Auteurs aux enfants

THEA et les supports médiatiques.

Quelques ouvrages recommandés et une collection de DVD pour accompagner les enseignants dans la mise en œuvre d’activités de théâtre en classe.

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Lettre de Catherine Zambon

Date de publication : 29/11/2022

A tous petits et grands, grands et petits enfants

Les rusés, les joueurs, même les grognons

A ceux qui parlent fort ou à ceux qui chuchotent

A ceux-là qui s’agitent et aux autres qui rêvent d’oiseaux

Le nez en l’air

Les pieds sur terre

Amusez-vous, prenez mes mots

Ébouriffez-les, croquez-les donc

Ne soyez pas trop sérieux

Pas trop

Un peu tout de même juste ce qu’il faut

Prenez la scène, regardez-nous

Silence !

Et que le théâtre commence...

Je suis tout près, oui, avec vous,

Toute attentive et très curieuse

Heureuse bientôt de vous rencontrer !

Tous ces mots sont faits pour vous, emportez-les

Dans vos maisons, dans vos tanières,

Au fond du cœur, à la récré...

Tendresse et mille baisers

Catherine ZAMBON

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Stéphane JAUBERTIE | Lettre aux enfants

Date de publication : 06/12/2022

Cher lecteur.

Donc, tu vas cette année rencontrer des personnages qui me sont chers. Vas-tu rencontrer Yaël, Jojo, la petite chenille ou Létée ? Ou tous ? Tu ne le sais pas encore, et moi non plus. Ce que je sais, et que je peux te dire, c’est que dans ces personnages, je suis.

Je n’ai pourtant jamais quitté mon île pour découvrir les animaux, je n’ai d’ailleurs jamais habité d’île, je n’ai pas de frère aîné, je n’ai pas découvert l’art au fond d’une grotte, je n’ai jamais croisé dans les bois de petites filles pauvres à la recherche de leurs yeux, je n’ai jamais suivi de psychothérapie en compagnie de Batman ou de Blanche-Neige, je n’ai d’ailleurs jamais suivi de psychothérapie, je n’ai jamais été bûcheron, je n’ai jamais joué de scie musicale dans le désert, je n’ai jamais porté de corset, je n’ai jamais été grand-mère, et je n’ai même jamais été une fille.

Mais j’ai été enfant. Et je fais du théâtre depuis longtemps. Ça aide.

Ce que je sais aussi, c’est que ces histoires ne s’adressent pas qu’ à toi. Elles s’adressent autant à ton père et à ta mère. Et même à tes grands-parents. Ils ne sont donc pas obligés de les lire en cachette. Vous pouvez même en parler ensemble, le soir à table, en voiture le matin ou le dimanche en forêt. Dans ces histoires, je suis. Je ne peux pas faire autrement. Mais j’espère surtout que tu y seras. J’écris sur moi, tu lis sur toi : voilà, pour résumer, ce qui anime mon travail d’écrivain. Si je te rencontre, dans ta classe ou ailleurs, on pourra, si tu le souhaites, en parler.

De toutes les façons, bon voyage avec Yaël, Jojo, la petite chenille ou Létée. Qu’ils ouvrent des portes. A toi de voir ce qu’elles cachent.

Stéphane Jaubertie. Novembre 2011

 

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Joël JOUANNEAU | Heyokas, la lettre aux enfants

Date de publication : 05/12/2022

 

La lettre que Joël Jouanneau adresse aux enfants de THEA est accompagnée de "Petites pièces espiègles, revues et bricolées pour être corrigées par 3, 5, 15, 20, 32, et même 777 enfants-enseignants".

[|[(La lettre aux enfants)]|]

Un matin, au sortir d’un rêve agité, je me suis éveillé avec un nom en tête qui ne me quittait pas : heyoka. Au saut du lit, je consultais le plus vaste des vastes dictionnaires, mais ne le trouvais pas. De mon rêve me restait l’image d’un vieil indien, son doigt pointé vers moi, sa voix me disant : cesse de faire ton important, écris pour les enfants et sois un heyoka ! Je compris alors que ce rêve avait pris racine dans le livre posé sur ma table de nuit. Un des derniers sioux, un sachem, s’y souvenait dans son enfance d’un clown sacré qui faisait tout à l’envers afin de faire rire sa tribu en cas de malheur. Il l’avait ainsi vu traverser à cheval tout son village en tenant l’animal par la queue. Et ce clown sacré avait pour nom le heyoka. Voilà toute l’histoire. Il me restait le rêve. Je décidais de le rattraper. Ce fût une vraie décision. Je me suis dit : tu vas cesser de faire ton important, tu vas écrire pour les enfants et tu seras un heyoka. J’ai alors lancé un signal de fumée à la squaw de mon enfance et j’ai écrit avec elle : « Mamie Ouate en Papoâsie. » Et si j’ai mis un chapeau circonflexe sur le â, c’était pour protéger Mamie Ouate du soleil. C’était voici vingt ans et je n’avais pas encore de cheveux blancs. J’arrive aujourd’hui à l’âge du vieux sachem de mon rêve, mais avec cinq autres pièces : « Dernier rayon », « L’adoptée », « L’ébloui », « Le marin d’eau douce », « L’enfant cachée dans l’encrier ». On m’a dit que vous alliez les lire. En entier ou à moitié. Et que vous alliez même les jouer. En entier ou à moitié. Moi je tiens tout d’abord à vous dire : merci. Et j’ajoute cela : Vous pouvez même n’en lire ou n’en jouer qu’une page, mais prenez alors le temps de bien la choisir. Et puis surtout, surtout surtout : pour les lire et les jouer, soyez des heyokas à votre tour. C’est pour vous y aider que j’ai pensé à ces quatre petites pièces espiègles revues et bricolées, et si vous deviez les corriger, que ce soit une bonne correction. Joël Jouanneau.

Karin SERRES | Lettre-merci

Date de publication : 07/12/2022

La Lettre-merci de Karin Serres aux classes THEA

Pour faire suite à cette belle année de partage, Karin Serres adresse aux classes Théâ une lettre-merci.

dans le TGV Charleville-Mézières-Paris, le 21 juin 2013

A l’attention de toutes et de tous les participant/e/s du projet Théâ 2012/2013

Bonjour !

Voilà, je viens de faire ma dernière journée de rencontres dans les Ardennes (08 !), à Rethel puis à Thilay et à Bogny-sur-Meuse, et ma saison Théâ s’achève. Lorsque j’ai accepté d’y participer, c’est parce que je pensais ce projet intelligent, engagé et bien conçu. Aujourd’hui, après l’avoir vécu aussi joyeusement qu’intensément pendant plus de 6 mois, je le trouve encore plus intelligent, humain et sensible que je l’avais imaginé : nous avons de la chance, vous et moi, d’avoir pu y participer. Parce qu’il vous place, vous, les enfants, les adolescents, leurs enseignants et les intervenants artistiques, au cœur du théâtre vivant, il fait confiance à l’intuition, à la créativité et à la sensibilité de chacune et chacun,décuplées par le travail collectif et l’écoute. Et ça, c’est un bel engagement, porté par chacune et chacun des responsables OCCE que j’ai aussi pu rencontrer.

Pendant ces quelques mois, j’ai beaucoup voyagé au gré de vos invitations, dans toute la France (ce qui m’a permis d’être un peu moins nulle en géographie). Je n’ai pas pu répondre à toutes les sollicitations, mais ce qui compte, c’est que tous et toutes, nous étions reliés en pensée par ce beau projet. J’ai visité toutes les sortes d’écoles, de préaux, de salles de classe et de salles de théâtre. Certaines écoles en ville, d’autres en banlieue, d’autres à la campagne, avec toutes sortes de vues par les fenêtres, toutes sortes de cour de récré, de dispositions des tables, de tableaux, d’affiches ou de couleur de murs. J’ai voyagé pendant des jours de canicule (rares), d’autres de pluie ou de neige, sous des ciels gris, blancs ou bleus, passé des heures dans des trains en tout genre, en voiture ou à pied, pour venir vous trouver et chaque fois, j’ai fait des rencontres surprenantes, généreuses, drôles et passionnantes avec vous qui avez lu mon théâtre et qui avez travaillé l’une de mes pièces, cette année. Alors je repars de cette saison, la tête pleine de souvenirs chaleureux, les mains pleines de dessins, de livres, de lampes de poche, de valisettes, de bonbons, de tricots, d’éventails ou d’oiseaux en papier que vous m’avez offerts et la tête pleine d’histoires, quels beaux cadeaux aussi !, que nous avons partagées, qu’il s’agisse de variantes du jeu « Chips », de légendes, de particularités, d’histoires vraies ou d’histoires inventées. Ce qui m’a beaucoup touchée, c’est cette relation personnelle que beaucoup d’entre vous avez avec les histoires et l’écriture, vos yeux qui brillent quand vous levez le doigt pour dire : “Moi aussi, j’écris” et raconter votre façon de faire. J’espère que j’ai pu vous transmettre mon bonheur d’écrire, pourquoi cela mérite tant d’y passer du temps, chacun à sa manière, pour pouvoir partager avec les autres ce qui nous touche intérieurement.

Tous et toutes, vous avez aussi découvert ce que c’est que le théâtre, cette façon si vivante de raconter une histoire, et pourquoi il nous passionne tant. La simplicité pleine de grâce de vos présentations de groupe, l’ouverture artistique de votre travail (sur la danse, la musique, les arts plastiques...) et votre plaisir de jouer me resteront longtemps en tête et renforcent mon énergie pour travailler. Nous, les autrices et les auteurs de théâtre d’aujourd’hui, nous allons continuer d’écrire des textes de théâtre pour vous, spectateurs et spectatrices, acteurs et actrices, lecteurs et lectrices et nous penserons à vous en les écrivant alors continuez de nous lire, de nous dire et de nous jouer, à votre façon, puisqu’ils vous seront destinés. Je passe le relais maintenant à Claudine Galéa et Jean-Pierre Cannet, les auteurs de la saison prochaine, à qui je souhaite autant de belles rencontres que moi. A chacun et chacune d’entre vous qui avez travaillé mes textes cette année, comme chacune et chacun des adultes qui vous ont accompagnés, je souhaite mille nouveaux bonheurs de théâtre à venir. Encore merci pour toutes les émotions que vous nous avez fait partager, à moi et aux personnages de mes pièces, ayez confiance dans votre monde intérieur, toujours, et vive le théâtre vivant !

Karin Serres

 

 

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Jean-Pierre CANET | Lettre aux enfants des classes Théâ

Date de publication : 05/12/2022

Lettre de Jean-Pierre CANET aux enfants des classes THEA, novembre 2013

Au pays de mes livres

Je vous écris de ce pays de mes livres. Je vous invite à ce voyage. Ne vous chargez pas d’affaires inutiles, prenez votre cœur pour seul bagage !

Je ne connais pas mes lecteurs, j’ai l’idée que j’écris pour tous. Je sais que je n’écris pas pour moi mais pour un autre, pour l’autre. Il se peut que cet autre soit un enfant ou un adolescent ou même un adulte. Il vit peut-être dans un pays lointain, sur un autre continent. Ou peut-être qu’il vit tout à côté, déguisé en chat, et qu’il vient se réchauffer dans ma maison.

Quand on écrit une histoire, il faut inventer des personnages. Pour créer un personnage c’est un peu comme quand on fait un bonhomme avec de la pâte à modeler, de la ficelle et des bouts de trucs et un pantalon en papier de bonbon. Mais il faut que le bonhomme devienne un personnage, qu’il tienne sur ses jambes, qu’il ait une vraie tête (pas une patate), et de vrais bras (pas des allumettes). Le plus important c’est que le personnage puisse frapper à ma porte et me dire : Bonjour, c’est moi ! Qu’il ait un cœur, des émotions, qu’il soit amoureux ou qu’il ait froid, faim, qu’il ait peur ... Il se met alors à exister pour « de vrai » et il peut s’installer dans une de mes histoires.

J’aime la langue et les mots. Le dictionnaire est le plus beau des livres, non ?

Quelquefois je me réveille avec des mots, de drôles de mots. Récemment je me suis levé en me souvenant de ce bout de phrase, c’était : « Ce chien d’infini ». Quoi, qu’est-ce qu’il a Ce chien d’infini ? Parfois, amusé, mon entourage s’interroge : Tu te mets à parler tout seul ! Il est vrai que je discute avec eux, mes personnages. Quand, dans la vie de tous les jours je suis maladroit (ce qui m’arrive souvent), Yvon Kader ne s’énerve pas, il est très patient et il m’enseigne. Quand je suis triste, Zou qui a survécu à tant de dangers me réconforte, il fait son cirque et il me fait rire, c’est un vrai clown ! Avec Anna, nous regardons le brouillard qui se dissipe sur le fleuve et nous partageons un grand silence. Paulin ne me donne pas souvent de ses nouvelles, je sais qu’il grandit et c’est ça qui est important.

Avec mes personnages, nous partageons les mêmes révoltes, les mêmes espoirs. Ils habitent le pays de mes livres. Je vous invite à les rencontrer !

Jean-Pierre Cannet

Yvon Kader de « Yvon Kader, des oreilles à la lune » Zou de « La foule, elle rit » Anna de « La petite Danube » Paulin de « L’enfant de par là-bas »

 

 

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Lettre à F.Melquiot des CM1-CM2 de Boursault

Date de publication : 30/11/2022

 

Bonjour,

Nous sommes des CM1-CM2 d’une petite école rurale près d’Epernay et nous avons choisi de travailler sur Blanches.

Voici, en pièce jointe, la lettre impertinente des élèves de Boursault adressée à Fabrice Melquiot en réponse à sa lettre impertinente...

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Philippe DORIN | Lettres aux parents absents

Date de publication : 30/11/2022

 

C’est vous, chers adultes, que nous invitons à venir découvrir le théâtre qui se fait pour les enfants. Il ne manque plus que vous. Il existe, dans le théâtre pour enfants d’aujourd’hui, des univers très singuliers, des formes d’une exigence artistique rare, bien loin de l’idée que vous vous faites du théâtre pour les enfants. Ce théâtre-là, nous vous invitons à le découvrir d’abord pour vous-même. N’y allez pas pour regarder les enfants regarder le spectacle ! Mettez vous devant ! Ne restez pas sur le bord ! Ce qui intéresse les enfants au théâtre, c’est de regarder les adultes regarder le spectacle. C’est ça qui en donne toute l’importance et qui les pousse à grandir. Le gros problème dans le théâtre pour les enfants, c’est l’absence de l’adulte, à tous les niveaux. Ce qui fait qu’à la première réduction budgétaire, au moindre mouvement de personne dans les théâtres, les enfants sont les premiers à disparaître de l’affiche et des pages de la critique, et l’ambition des spectacles qui leur sont destinés se réduire dans des petites formes jouées entre deux portes, sans que cela crée le moindre problème. Dans la famille déjà bien malmenée du théâtre, les enfants restent toujours le parent pauvre.

Philippe Dorin, Sylviane Fortuny, 28 avril 2008

Catherine Verlaguet | Lettre aux Enfants Théâ

Date de publication : 30/11/2022

Lettre de Catherine Verlaguet aux Enfants Théâ Chers tous et toutes,

Cette année, vous allez découvrir mes histoires.
Souvent, quand je vous rencontre, vous me posez la question d’où vient mon imagination. Souvent, ça commence par un « et si... ? » Je suis dans la vie, j’écoute et je regarde les gens, je participe comme dirait le médecin de TIMIDE et je me dis « et s’il se passait ci, ou ça ? » Alors j’invente un personnage qui va vivre ce « et si... » qui me trotte dans la tête. Etl’aventure qu’il vit, les gens qu’il rencontre, m’aident à réfléchir sur la vie en général.
Moi, je réfléchis toujours mieux aux choses quand elles m’émeuvent. Oui, quand je suis émue par quelque chose (et la colère est aussi une émotion) alors j’ai envie de comprendre. Et pour ça, rien de mieux que les histoires. Les histoires inventées nous aident à grandir, même quand on est déjà adulte. Elles nous aident même à changer un peu ce qu’on croit être. Elles nous aident à devenir la personne que l’on veut être. Les histoires ont, en fait, un pouvoir incroyable, parce que les émotions qu’elles nous font ressentir nous donnent la force de réfléchir pour nous-même, et parfois même d’agir.
Souvent aussi, je demande aux enfants : « à quoi ça sert, l’imagination ? » et vous me répondez : à se détendre, à s’amuser. Mais vous croyez que les hommes seraient allés sur la lune s’ils ne l’avaient pas imaginé, avant ? Vous croyez qu’ils auraient des téléphones portables et bientôt, des voitures volantes ? Toutes ces choses étaient dans les histoiresavant d’exister. C’est pour ça que je vous le dis : les histoires, ça peut changer le monde. C’est pour ça qu’elles sont interdites dans certains pays.
Dans le nôtre, elles ne sont pas interdites alors il faut en profiter pour les lire, les écrire, les partager.
J’ai hâte de savoir ce que vous allez en faire, de mes histoires. Parce que maintenant qu’elles sont écrites, elles vous appartiennent, à vous. C’est à vous de faire un bout de chemin avec elles. J’ai hâte de savoir ce que vous allez en penser, ce qu’elles vont vous faire ressentir... Ressentir, oui, surtout ça. Parce que les histoires n’expliquent pas les choses ; elles les expriment. Ce qu’elles veulent dire, c’est à vous de l’inventer. Et qui sait ? Peut-être que ça vous donnera envie d’écrire les vôtres ? De prendre à votre tour des mots en vrac et de les jeter sur du papier comme vous feriez avec de la peinture, pour voir ce que ça donne ?
Un conseil pourtant, un seul : ne réfléchissez pas trop. Faites confiance à ce que vous ressentez. On ne se trompe jamais dans ce que l’on ressent.
A très vite,
Catherine.

Décembre 2019

Dominique Richard | Lettre aux Enfants Théâ

Date de publication : 13/12/2022

Bonjour à tous,

Ce petit mot pour vous remercier de tous vos envois ! J'ai reçu avec Vincent des dizaines de lettres magnifiques, de dessins superbes, de poèmes émouvants, de remarques avisées, même des enregistrements saisissants, ce fût un vrai bonheur tout au long de la saison... Je vais les garder précieusement en me souvenant avec émotion de cette année. J'ai eu aussi la chance de rencontrer beaucoup d'entre vous et ce fut pour moi à chaque fois des instants précieux, intenses, uniques, à discuter et réfléchir ensemble. J'ai aussi eu la chance de voir beaucoup de vos présentations, qui m'ont enthousiasmées. Et j'ai reçu aussi des dizaines et des dizaines de questions sur l'écriture, les textes, Grosse Patate, Hubert, le Pallackch... Il me faudrait un livre entier pour y répondre... Alors je ne vais pas pouvoir écrire à chacun, mais cette petite lettre est une tentative pour peut-être éclairer quelques une de vos interrogations. Je ne peux pas aborder toutes les questions et elles se croisent, chacun reconnaîtra sans doute un bout de la sienne...

Fabien ARCA | Lettre aux Enfants Théâ

Date de publication : 05/12/2022

Le 11 novembre 2018

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Claudine GALEA | Lettre aux enfants Théâ

Date de publication : 07/12/2022

 

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Catherine ZAMBON | Lettre aux enfants des classes Théâ

Date de publication : 05/12/2022

 

A tous petits et grands, grands et petits enfants

Les rusés, les joueurs, même les grognons

A ceux qui parlent fort ou à ceux qui chuchotent

A ceux-là qui s’agitent et aux autres qui rêvent d’oiseaux

Le nez en l’air

Les pieds sur terre

Amusez-vous, prenez mes mots

Ébouriffez-les, croquez-les donc

Ne soyez pas trop sérieux

Pas trop

Un peu tout de même juste ce qu’il faut

Prenez la scène, regardez-nous

Silence !

Et que le théâtre commence...

Je suis tout près, oui, avec vous,

Toute attentive et très curieuse

Heureuse bientôt de vous rencontrer !

Tous ces mots sont faits pour vous, emportez-les

Dans vos maisons, dans vos tanières,

Au fond du cœur, à la récré...

Tendresse et mille baisers

Catherine ZAMBON

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Philippe DORIN | Lettres aux enfants des classes Théâ

Date de publication : 05/12/2022

Message de Philippe DORIN aux Enfants des Classes Théa

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Philippe Dorin

« Ne commencez pas par le début Plongez dans mes textes par le milieu. Essayez de ne pas voir plus loin que le bout de votre nez. Il faut cueillir les scènes au hasard, comme une petite promenade dans les bois. Et peut-être que vous parviendrez à faire un gros bouquet à offrir à la fin. Merci de votre confiance. »

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Nathalie PAPIN | Lettre aux enfants des classes Théâ

Date de publication : 05/12/2022

Message de Nathalie Papin aux enfants des classes Théâ

[/Dimanche 27 janvier 2008, Dans mon bureau de campagne, quelque part en Normandie. De ma fenêtre, je vois un mouton noir, des petits tas de taupes et quelqu’un en train de tailler les arbres. J’écoute un opéra de Rossini chanté par Max Emanuel Cencic. C’est si beau que j’ai presque les larmes aux yeux.../]

Bonjour à toi, le lecteur, le diseur, l’interprète, le rêveur, le joueur, le pitre, le méditatif, le concentré, l’amuseur,

Peut-être que lorsque j’écrivais mon premier livre, tu n’étais pas né. Et pourtant, je l’écrivais bien pour toi. C’est merveilleux de penser que j’écris pour quelqu’un qui n’est pas encore né, qui naîtra et lira mon livre ou jouera la pièce.

Quand je commence un livre, je m’adresse à quelqu’un, toujours.

Je ne le connais pas, je ne sais même pas s’il est né, je ne sais pas s’il vit en France où en Belgique ou en Nouvelle-Calédonie. Mais, je sais que ce quelqu’un, un jour, quelque part, lira mon histoire et cet enfant ou cet adulte plongera dans les lignes que j’ai écrites, il y a dix ans à 20 000 kilomètres de là.. Et peut-être que son cœur sera touché et peut-être qu’il trouvera dans la petite histoire quelque chose de lui ; quelque chose qui le ravira ; quelque chose qui le fera sourire ou réfléchir ou lui donnera envie de déplacer des montagnes ou embrasser une vieille ou ouvrir des cages cachées. Peut-être se dira-t-il : il y a quelqu’un dans l’univers qui sait ce que je vis... Et là sans se connaître, le lecteur et l’écrivain seront reliés par un petit livre, une toute petite chose de quelques cm2... Pour moi la magie est là..

Et tous ces lecteurs, plus tard construiront des maisons ou feront des mathématiques ou voyageront et feront, eux aussi, des choses pour ceux qui ne sont pas encore nés... Et sans doute qu’ils auront oublié le petit livre de 60 pages. Mais ça n’a pas d’importance parce que la lecture a eu lieu.

Et ainsi, la grande chaîne des humains se tisse par des liens qui semblent être sans importance comme un petit livre au fond d’une bibliothèque ou une pièce dans un théâtre que peu de gens connaissent. Si une seule personne est là et est contente d’être là, alors tout va bien.

J’espère que tu auras du plaisir à lire ces histoires et à en jouer...

Bien affectueusement,

[/Nathalie Papin/]

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Nathalie PAPIN | L'au revoir

Date de publication : 05/12/2022

L’au revoir de Nathalie Papin

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Aux enfants de THEA et à leurs veilleuses et veilleurs, Je me sens bien orpheline depuis que je suis rentrée chez moi et que j’ai rangé mes livres dans ma bibliothèque.
Je préfère quand mes livres sont ouverts entre vos mains, je préfère quand ils sont couverts de notes et gribouillés. J’aime bien quand vous avancez sur la scène avec les textes et que vous lisez sans lire tellement les personnages sont devenus vous ; comme si vous les extirpiez des textes. J’aime bien quand les livres traînent dans la loge parce que vous avez embarqué mes phrases avec vous et qu’elles dansent ou bougent dans les théâtres ou sur une scène improvisée.
J’aime bien découvrir un nouvel ogre ou un nouveau roi de Rien.

J’ai aimé voir des montagnes d’enfants se déplacer, voir des Debout sortir de la terre, voir des horizons d’enfants...

J’ai adoré voir plusieurs filles du Roi sortir des cages et courir de liberté.

J’ai beaucoup ri de voir Ard enfant traverser la scène en pyjama coloré, de voir la fantaisie des oiseaux ogriologues, j’ai ri de voir la dévoreuse du temps faire du vélo et les petits-vieux-ogres former un drôle de tribunal...

Je voulais vous dire merci d’avoir montré de si belles choses, d’avoir inventé, d’avoir répété, d’avoir partagé, d’avoir ri de vos trouvailles, d’avoir fait éclore toutes ces scènes magnifiques...

Je vous souhaite de continuer vos voyages à travers des textes de théâtre... On se rencontrera sûrement au carrefour de deux ou trois histoires...

Maintenant, je n’ai plus qu’à m’y remettre... à l’écriture !

Je vous embrasse affectueusement

Nathalie PAPIN

PS. Il en a de la chance Fabrice Melquiot !

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Jean CAGNARD | Message de Jean Cagnard aux enfants des classes THÉA

Date de publication : 05/12/2022

 

Bonjour à tous.

Je sais, parce que j’ai une boule de cristal dans mon bureau, que vous travaillez sur mes textes. Que vous les lisez, que vous les interprétez. Excellente idée ! Vous avez choisi « Des papillons sous les pas », « Bout de bois » ou « L’entonnoir ». Dans ma boule de cristal je vous vois entrer petit à petit dans la peau des personnages avec énergie et précautions...C’est toujours une émotion de voir qu’un texte est devenu vivant, qu’il a quitté la page silencieuse pour monter sur les « planches », que ça produit maintenant de la parole et des gestes, que ça s’entend et que ça se voit, que ça bouge, que ça s’articule, que ça se déficelle, que ça se saucissonne, que ça se plantachouffe, que ça mortigasse, que ça fait du vent et des voiles, enfin bref de la vraie vie quoi, du rêve transformé en réalité !

Chers actrices, chers acteurs, vous savez certainement que le théâtre est un jeu puisqu’on y « joue ». Alors surtout, amusez-vous ! Prenez du plaisir ! Les adultes, ont inventé le théâtre pour pouvoir continuer à jouer toute leur vie (sacrés malins), mais on sait bien que les véritables spécialistes sont les enfants, qui ont un don naturel pour refaire le monde tous les matins !

Alors ravi de vous rencontrer bientôt. Si vous avez des questions, pas de problème, ma boule de cristal vous répondra. Mais il est possible que vous ayez déjà les réponses, dans un coin de votre imagination. Bien sûr, vous les avez déjà, je le vois, je le vois...

A bientôt, portez-vous bien !

Jean Cagnard

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Fabrice MELQUIOT | Lettre aux enfants des classes Théâ

Date de publication : 06/12/2022

Message de Fabrice Melquiot aux enfants des classes Théâ

Chères filles, chers garçons,

Un jour, j’ai fait un voyage. Un voyage dans le Poitou. Le Poitou, c’est en France. Une région de France, célèbre pour ses baudets, les baudets du Poitou, qui sont des ânes à poils longs et roux. J’ai fait ce voyage pour rencontrer des classes, dans les écoles du Poitou, et là, un matin, j’ai rencontré un enfant qui m’a confié qu’il m’imaginait vieux, avec une barbe blanche et un gilet en mouton. Il avait l’air très déçu que je ne corresponde pas à l’idée qu’il se faisait de moi. Je vous dis ça à vous, garçons et filles de France entière, afin que vous économisiez de l’imagination pour des choses plus insensées : des aventures inouïes, des aventures dans des mondes qui n’appartiendraient qu’à vous. Je ne ressemble pas à Victor Hugo à la ferme. Je suis un type assez normal, ni jeune ni vieux. Je suis né à Modane. Dans les montagnes. Dans la vallée de la Maurienne. Près de l’Italie. Mais j’habite entre deux villes, Paris et Reims. Et je prends beaucoup de trains et quelques avions.

J’écris des pièces de théâtre. Ce qui m’intéresse le plus au théâtre, ça peut sembler bizarre, mais je crois que c’est la réalité. C’est la réalité qui m’intéresse. Cette façon qu’a le théâtre de parler de la réalité, d’en parler autrement, en y ajoutant un poids de poésie. Vous aimez la poésie ? Si vous n’aimez pas la poésie, c’est que vous êtes des nuls. Si vous aimez la poésie, je vous emmène en vacances sur mon île personnelle. J’ai une île personnelle, au soleil, avec palmiers et jus de goyave, bonbecs à gogo. Y’a même un peu d’alcool, pour les plus vaillants d’entre vous. Si vous aimez la poésie, je vous y emmène. Alors, est-ce que vous aimez la poésie, oui ou non ? La poésie est la seule véritable démonstration de révolte permanente. Quand on lit un poème, quand on le lit jusqu’à remonter le cours de son écriture pour aller toucher à l’homme, à la femme qui l’a écrit, alors on objecte quelque chose, on construit du lien, on tire un fil de vie, on lustre son cœur, on forge une pensée.

Le théâtre est le seul endroit au monde où on peut parler de choses profondes, contradictoires, mystérieuses, ambiguës, violentes et douces, drôles et tristes, et donner une forme à des sentiments, et se demander ensemble pourquoi toutes ces choses existent, ces sentiments, ces sensations, cette forme singulière qu’ont les souvenirs et les rêves ; et qu’est-ce qu’on en pense, et c’est quoi la place de chacun ? C’est quoi la pensée de chacun ? Combien d’imagination me faut-il pour bien voir la réalité ? Ah bon, il faut imaginer pour voir ? Et oui. Parce que mémoire et imagination, rêve et réalité, s’adressent sans cesse la parole et toujours se mélangent.

Le théâtre que j’écris essaie de vous dire que vous êtes des spectateurs d’aujourd’hui, des spectateurs à part entière, des lecteurs à part entière. Vous êtes entiers. Le théâtre vous prend pour de petites personnes bien entières. Vous avez vos doutes, vos peurs, vos questions, vos désirs. Vous avez déjà des amis, des parents, avec qui parler de tout ça. Disons que le théâtre est parfois l’endroit où l’on parle de tout ça avec soi-même, ou avec le rêve auquel on assiste. On assiste à un rêve et on l’assiste, on lui prête son attention, parce qu’il en a besoin pour devenir rêve debout, rêve artisanal, rêve partagé. Rêve bizarre, qui est une autre réalité. Une autre vie, pleine d’artifices, une vie qui s’ajoute à la vie. Ça n’a l’air de rien, comme ça, mais je crois que ça peut aider à mieux être ensemble. C’est comme un bon repas. Comme un dimanche au bord d’une rivière, avec des amis. Comme une belle conversation avec des potes dans la cour de récré.

En tout cas, c’est pas pour frimer, mais vous avez vachement de chance de tomber sur moi, parce que les années précédentes, vous auriez pu tomber sur Catherine Zambon. Heureusement qu’elle zozotte, Catherine, sinon on découperait tous ses livres en tranches bien fines et on les mangerait avant de les avoir lus (y’a un jeu de mots, cherchez-le). Vous auriez pu tomber sur Jean Cagnard ; je vous dis pas la chaleur qu’il fait quand on lit ses pièces (y’a un jeu de mots, cherchez-le). Philippe Dorin, alors on ne va pas le réveiller (y’a un jeu de mots, cherchez-le). Nathalie Papin écrit du théâtre parce qu’elle n’a pas réussi à faire la carrière de son frère dans le football (y’a un jeu de mots, cherchez-le). Ceux qui trouvent les bonnes réponses aux jeux de mots peuvent partir avec moi sur mon île personnelle (n’oubliez pas votre maillot de bain). Avec mon nom, on ne peut pas faire de jeux de mot, c’est pratique (ceux qui auraient envie d’essayer ne viendront pas sur mon île personnelle et ils peuvent s’asseoir sur le jus de goyave).

N’allez surtout pas croire que je me la raconte, j’aime beaucoup mes prédécesseurs (cherchez le mot dans le dictionnaire, si vous ne le connaissez pas ; n’oubliez pas que le meilleur ami de l’homme, ce n’est pas le chien, c’est le dictionnaire - un dictionnaire ne vous mordra jamais). Je les aime beaucoup, mes prédécesseurs, parce qu’ils jonglent avec des mondes, des tas de petites planètes, faites de morceaux de mémoire et d’imaginaire, de poésie et de théâtre, d’expériences et d’illusions. Et en même temps, ce sont des gens tout à fait normaux. Vous pourriez les croiser au supermarché. Sauf Philippe Dorin, qui n’y va jamais et laisse tout le temps sa femme Sylviane faire les courses. Mais il est sympa, sinon.

Bon, cela dit, vous avez le droit de ne pas m’aimer, vous ne serez pas punis pour autant. Vous avez le droit de dire du mal de mes pièces, c’est autorisé. Du moment que c’est sincère. Vous avez le devoir de les critiquer. Pas juste dire j’aime ou j’aime pas. Les mettre en question. Les examiner, comme une aile de papillon sous un microscope. Je compte sur vous.

Je précise que je ne paie pas les billets d’avion pour mon île personnelle ; ils sont à votre charge (vous pouvez réclamer un soutien financier à vos parents, mais je vous interdis de racketter vos camarades à la sortie). Et tâchez d’être un peu heureux d’aller à l’école, en tout cas les jours où vous savez que vous avez théâtre. Les autres jours, faites la tronche, comme tout le monde, si ça vous chante.

Lisez, lisez, lisez. Pas seulement mes pièces. Les pièces de mes camarades, Catherine, Jean, Philippe, Nathalie... Et puis des romans, des bandes dessinées, des poèmes, des journaux. Et puis lisez les mains de vos voisins. Et lisez dans les pas de vos frères, de vos cousins, aussi, voyez comment ils marchent, d’où ils viennent, où ils vont. Lisez partout où quelque chose laisse une impression. Lisez la trace des avions au ciel, les traces de doigts sur la vaisselle, le regard de votre amoureux ou de votre amoureuse, lisez tout ce qui peut se lire. Lisez le vol des abeilles, lisez la pluie, lisez les panneaux publicitaires, lisez les néons des magasins, lisez les plis du drap de votre lit, lisez le dos des gens devant vous, lisez la respiration de ceux qui vous suivent, relisez vos souvenirs, élisez vos rêves. Et en avant ! Vous êtes attendus ! Vous verrez, ce sera classe quand vous pourrez dire : moi, je peux tout lire, c’est pas compliqué, en fait. Ce serait compliqué, je vous jure que je ne vous le demanderais pas. Mais là, franchement. C’est moins compliqué que sortir une tranche de brioche coincée au fond du grille-pain, sans se brûler les doigts.

Voilà. Je suis à Moscou, en Russie ; on est le 29 novembre 2008. Il y a un peu de neige sur les trottoirs, trop peu pour la saison, m’a-t-on dit. Ce matin, j’ai été faire silence dans une petite église rouge et blanche. Puis j’ai déjeuné dans un restaurant désert, au bord de la Moskova. La serveuse portait un habit traditionnel ; même couleurs que l’église visitée plus tôt. Elle souriait beaucoup, ça m’aidait à manger ma soupe. J’ai bu trois cafés. J’ai pris une photo : au premier plan, une grille de fer forgé, au second plan les branches nues des arbres. Et je suis rentré dans ma chambre d’hôtel, vous écrire cette lettre.

Bien à vous, [/Fabrice Melquiot/]

 

 

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Karin SERRES | Lettre aux participants à Théâ

Date de publication : 07/12/2022

A l’attention de toutes et tous les participant/e/s du projet Théâ 12/13

Bonjour !

Je suis très heureuse de participer à Théâ, avec vous, cette année. Vous vous demandez peut- être dans quelle étrange histoire vous vous embarquez, avec mes pièces ? Notre envie, c’est simplement de partager avec vous ma passion pour les mots et pour le théâtre. Et qu’en lisant, en jouant, en créant quelque chose autour de mes pièces, avec vos professeurs, maîtres et maîtresses, chacune et chacun d’entre vous prenne du plaisir, selon vos goûts, à votre façon. J’aime les mots. Quand j’ai appris à lire et à écrire, au CP, au CE1, j’ai tout de suite voulu m’en servir pour écrire les histoires que j’avais dans la tête. Pour mon plaisir. Sur mes cahiers de brouillon. Et j’ai découvert qu’écrire, ça rend heureux : quand vous pouvez mettre des mots sur ce que vous ressentez, vous n’êtes plus une cocotte-minute pleine d’émotions entassées, et les autres vous comprennent mieux.
Ce sont les mots, toujours, qui m’emportent dans les histoires écrites par les autres, que je lis beaucoup, en tous genres (voir mes “4x7 livres”). C’est fou comme chacun utilise les mots différemment. Le pouvoir des mots est infini et tout le monde a le droit de s’en servir. Quel pouvoir ? Vous écrivez quelque chose : aussitôt, pour le lecteur ou la lectrice, ça devient vrai. Bien sûr, rien ne vient tout cuit, du premier coup. Parce qu’on n’a que les mots pour raconter tout un monde de sensations. Alors, comme toutes les écrivaines et tous les écrivains, je fais beaucoup de brouillons, de ratures, de corrections.
Parfois, je raie des pages entières avant de trouver les mots exacts qui transmettront vraiment l’histoire que j’ai dans ma tête. Mais c’est comme le foot, la danse ou la musique. Si on veut être bon, il faut s’entraîner régulièrement et être patient. C’est parce qu’on s’est entraîné toutes les semaines qu’un jour, on met un but magnifique pendant un match, on danse avec grâce au gala de fin d’année ou on joue magnifiquement un morceau hyper compliqué. Et là, quelle émotion !
Pourquoi j’écris du théâtre ? Vous lisez plutôt des romans, des mangas, des documentaires ou des bd. Moi aussi, à votre âge. Mais j’ai découvert que le théâtre, c’est fait pour toutes celles et tous ceux qui ont envie de jouer, de raconter des histoires en se glissant à la place des personnages, même (et surtout) différents de la réalité. Le théâtre, on en fait tous quand on est petits, quand on joue : c’est le même mot. Il suffit de se dire : moi, je serais... et ça démarre. Quand on grandit, on oublie, c’est dommage. Cette année, ré-essayez.
Et puis allez voir des spectacles, aussi, pour être de l’autre côté. J’adore m’asseoir dans une salle de spectacle, dans le noir, à côté de gens que je ne connais pas, de tous les âges, et partager avec eux une heure d’émotions surprenantes, plongée dans une histoire vivante qui se joue en direct, pour de vrai, à juste quelques mètres de moi.
Le théâtre, c’est tellement vivant : il suffit de le lire à voix haute, et on le comprend. C’est même fait pour ça. On peut aussi le crier ou le murmurer, suivant ce que ça raconte. Alors faites confiance à votre intuition : il y a autant de façons de jouer ou de lire une pièce à voix haute que de gens dans le monde.
Pour trouver la vôtre, il suffit de lire et d’imaginer ce que vous feriez, comment vous marcheriez, comment vous parleriez ou ce que vous ressentiriez si vous étiez Louise, Ludovic ou le Petit Bonhomme Vert, Guib, Grand, Krill ou Jane Blonde...
Ce projet Théâ, c’est un espace d’émotions, de rencontre, d’écoute et de liberté.
Avec mes pièces et cette lettre, je vous passe le relais : à vous de lire, de jouer, de danser, de créer à partir de ce que VOUS, vous avez dans votre tête.
Ce que chacun de mes personnages raconte, finalement, dans toutes mes histoires, c’est qu’il faut oser écouter ce qu’on pense, ce qu’on imagine et ce qu’on ressent, et l’aimer, tel quel, dans toute sa singularité. C’est ça qui fait qu’on est nous, et pas une ou un autre.
Alors partez à la découverte de mes pièces, du théâtre d’aujourd’hui et des mots pour l’écrire, soyez curieuses et curieux, goûtez à tout et prenez du plaisir dans tout ce que vous ferez. Parmi les émotions, rappelez-vous, il y a le rire : c’est l’une de mes préférées. Bon projet Théâ !

Karin Serres

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Sylvain LEVEY | Lettre aux enfants Théâ

Date de publication : 31/01/2023

Vous connaissez Catherine Zambon ? En 2005, elle a écrit :

« Tous ces mots sont faits pour vous, emportez les dans vos maisons, dans vos tanières, au fond du cœur à la récré. »
je vous conseille de lire au plus vite sa dernière pièce MON FRERE MA PRINCESSE.

Vous connaissez Suzanne Lebeau ? En 2005, elle a écrit :

« C’est l’espoir qui a poussé... car au fond, l’espoir est la seule obligation de l’enfance.»

L’OGRELET, lisez-le, c’est mon préféré.

Vous connaissez Philippe Dorin ? En 2006, il a écrit :

« Il faut cueillir les scènes au hasard, comme une petite promenade dans les bois. »

Je vous conseille d’aller dans la médiathèque de votre quartier et d’emprunter ABEILLES HABILLEZ-MOI DE VOUS.

Vous connaissez Nathalie Papin ? En 2007, elle a écrit :

« Et peut être que son cœur sera touché (...) ou lui donnera envie de déplacer des montagnes (...) ou d’ouvrir des cages cachées. »
Je vous conseille d’aller dans votre librairie et demander LE PAYS DE RIEN.

Vous connaissez Jean Cagnard ? En 2007, il a écrit :

« Que ça s’articule, que ça se déficelle, que ça se saucissonne, que ça se plantachouffe, que ça mortignasse, (...) enfin bref de la vraie vie quoi. »
Je vous conseille de demander à votre anniversaire L’ENTONNOIR.

Vous connaissez Fabrice Melquiot ? En 2008, il a écrit :

« Vous avez le droit de ne pas m’aimer (...) Vous avez le droit de dire du mal de mes pièces, c’est autorisé. Du moment que c’est sincère. »
BOULI MIRO, si vous ne l’avez pas encore lu, je crois qu’il est grand temps !

Vous connaissez Joël Jouanneau ? En 2009, il a écrit :

« Vous pouvez même en lire ou n’en jouer qu’une page, mais prenez alors le temps de bien la choisir ».
MAMIE OUATE EN PAPOUASIE c’est le premier texte de théâtre que j’ai lu. Je vous le conseille vivement.

Vous connaissez Jean Claude Grumberg ? En 2010, il a écrit :

« C’est cet amour de la lecture qui m’a permis beaucoup plus tard d’écrire, d’abord des pièces de théâtre, puis des scénarios pour la télévision ou le cinéma. »
Vous devriez lire PINOK ET BARBIE, cela vous plaira à coup sûr.

Vous connaissez Stéphane Jaubertie ? En 2011, il a écrit :

« Ce que je sais aussi, c’est que ces histoires ne s’adressent pas qu’à toi, elles s’adressent autant à ton père et à ta mère. Et même à tes grands parents. Ils ne sont donc pas obligés de les lire en cachette. »
Il faut que vous lisiez LÉTÉE ou LIVÈRE, peu importe le temps qu’il fait dehors.

Vous connaissez Karin Serres ? En 2012, elle a écrit :

« Ecrire cela rend heureux. »

Je vous conseille d’aller voir A LA RENVERSE, je suis sûr que le spectacle passe pas loin de chez vous demain, après-demain, la semaine prochaine ou dans un mois.

Vous connaissez Jean-Pierre Cannet ? En 2013, il a écrit :

« Avec mes personnages, nous partageons les mêmes révoltes, les mêmes espoirs. »

Je vous conseille de commander à Noël LA PETITE DANUBE.

Vous connaissez Claudine Galéa ? En 2013, elle a écrit :

« Dire, écrire, vivre, c’est la même aventure. »

Je vous conseille vivement de lire APRES GRAND C’EST COMMENT ?

Catherine, Joël, Fabrice, Claudine, Jean-Claude, Suzanne, Jean-Pierre, Stéphane, Nathalie, Jean, Philippe, Karin je les connais, avec certains j’ai même passé quelques nuits blanches à discuter littérature, cuisine, cinéma, politique, théâtre, sports, jardinage.

Je vais vous avouer un truc, cela reste entre nous, je vous le glisse dans le creux de l’oreille : Je suis très heureux, très ému, très impressionné et très fier oui très fier d’être, à mon tour, après eux, auteur choisi pour le projet THÉÂ.

Vous connaissez Dominique Paquet ? Vous allez la rencontrer aussi très bientôt. Dominique, je suis très heureux de partager cette aventure avec toi.

Dix ans ! Joyeux anniversaire THÉÂ !

Et il y a les autres : Dominique Richard, Luc Tartar, Françoise Pillet, Sandrine Roche, Philippe Gauthier, Marc-Antoine Cyr, Catherine Verlaguet, Magalie Mougel pour ne citer qu’eux. Vous les avez sans doute déjà rencontrés, vous les avez déjà lu je l’espère ou vous les lirez un jour j’en suis certain.

Je suis un parmi tous ceux là.

Dix ans ! Joyeux anniversaire THÉÂ !

Et puis il y a vous les lecteurs, les enseignants et enseignantes, les animateurs, animatrices, les comédiens et comédiennes, les organisatrices et organisateurs, il y a vous tous les Thomas, Soufiane, Adélaïde, Hénok, Mathilde, Benjamin, Eloïse, les Pablo, les Paolo, Vicenté, Nora, Louis, les Philémon, Arthur, Dounia, Olga, Pauline, Victor, les Mamadou, les Achille, les Zélie...

Et puis il y a toi, un parmi tous ceux là, qui j’espère va croquer dans les mots, dévorer les livres, se gorger d’histoires, les raconter à son tour, les déformer si nécessaire, en parler à table avec tes parents, leur lire au coin du feu ou sous un arbre, en écrire à ton tour et les jouer.

Il y a toi, il y a vous pour qui moi, pour qui nous écrivons. Il y a tout ce joli monde ! De quoi envisager une belle fête tous ensemble il me semble !

Dix ans !
Joyeux anniversaire !

Beaucoup de choses ont été dîtes et il reste tant de choses encore à découvrir. A nous, toi et moi de laisser notre empreinte.

Alors on retrousse les manches, on lit, on dissèque, on analyse, on rêve, on se déclare dramaturge, on met en scène, on joue, on rit, on discute, on remet en cause, on trouve des solutions, on en trouve d’autres encore mieux, on doute, on a le trac, on applaudit, on pleure de joie et on recommence pendant les prochains mois et puis les quatre vingt prochaines années (et ça c’est le minimum).

Sylvain LEVEY Novembre 2014

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Dominique Paquet | Lettre aux Enfants THÉÂ

Date de publication : 07/12/2022

Chers enfants de partout en France,

Vous allez bientôt découvrir mes livres, des pièces avec des drôles de titres et vous vous demanderez sûrement en regardant les couvertures: mais pourquoi ces titres bizarres?

Oui, pourquoi ? Je choisis mes titres toujours très soigneusement car je souhaite qu’ils n’aient jamais existé avant moi, sur aucune couverture de livre, d’album, de BD...Je cherche des combinaisons de mots nouveaux car je ne me vois pas écrire la Nième merveilleuse aventure d’un détective, ou le millionième Mystère de la grotte inconnue, ou la milliardième Bêtise de la princesse Chose...Je les cherche longtemps, je mélange les mots, je les marie, les sépare, les retourne, jusqu’à ce qu’ils disent exactement ce que je veux dire. J’ai même inventé le jeu des titres et je veux bien vous donner la règle car si vous vous ennuyez dans les embouteillages, vous pouvez y jouer sans matériel avec tous ceux qui sont dans la voiture : inventer des titres de livres ou de pièces que l’on écrira jamais mais qui sont drôles, touchants, insolites, curieux...Il n’y a pas de gagnants ou de perdants juste le plaisir d’inventer ensemble !

Puis vous ouvrirez le livre et vous y lirez le nom des personnages. Pour eux aussi, je choisis des noms précieux. Je n’ai pas envie de les appeler X ou Y ou la dame, le monsieur, le père, la mère, l’enfant, le lion, la poule, le moustique, la cafetière électrique... J’ai envie de les faire exister par un nom qui n’appartient qu’à eux, un nom que vous aurez envie, j’espère, d’incarner, de jouer, de mâcher consciencieusement dans votre bouche comme un bonbon au cassis, ce sont mes préférés, même s’ils collent beaucoup aux dents.

J’essaie toujours d’écrire une histoire qui n’a jamais existé et que j’ai rêvée dans une sorte de demi- sommeil ou de rêverie éveillée. Ou que j’invente au fil de mon stylo à l’encre bleue des mers du sud. Je fais beaucoup de brouillons car je cherche mes mots. Cela doit vous rassurer car vous vous dites sûrement: c’est une autrice, écrire est facile pour elle ! Nous, on mâchouille nos stylos, on suce nos gommes en essayant d’extirper des mots de notre tête et ces maudits mots sortent avec difficulté ...Rassurez-vous, moi aussi je cherche longtemps le mot juste. Vous voyez, nous ne sommes pas si différents !

Vous allez les lire ces mots et puis peut-être les jouer, devenir Azou, la Loutre, le Pivert des acacias, Trita, Petit Fracas...Amusez-vous, laissez-vous porter par le plaisir de jouer, envolez-vous ! Sur scène, vous êtes dans votre pays le plus secret et le plus vaste, cette scène qui vous appartient ! N’y montez pas comme sur l’Himalaya en oubliant de reprendre votre souffle, ni à reculons en flageolant des jambes, ni avec l’orgueil du cabot qui veut faire rire ses camarades. Montez-y simplement, entrez en scène et voilà, c’est fait, je vais parler, ils m’écoutent. Il y a 2500 ans en Grèce, -je sais vous n’étiez pas nés, vous n’étiez même pas encore un désir dans le cœur de vos parents-, un nommé Thespis se promenait de village en village pour raconter des histoires. Il se mettait sur un chariot face aux villageois et il racontait la vie de personnages merveilleux qui avaient peut-être existé, faisait rire ou pleurer, et chacun rentrait chez lui avec ces mots plein la tête et s’endormait bercé par le souvenir de ces paroles. Ces paroles qui répondaient peut-être à une question qu’il se posait.

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C’est ce que je vous souhaite. Le bonheur de lire, de jouer, de rêver dans la douceur et l’énigme des mots.

Avant de vous quitter, au fait j’oubliais. J’ai les yeux bleus. Ce n’est pas très important pour moi mais pour ceux qui me croisent, oui, ils m’en parlent tout le temps. Peut-être que vous aurez envie de les voir en vrai comme j’ai envie de découvrir tous vos visages. Je l’espère.

Dominique

Novembre 2014

Sandrine ROCHE | Lettre aux enfants

Date de publication : 31/01/2023

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